Paysans semeurs et éleveurs.
On a tous en tête les scandales alimentaires : vaches folles, lasagnes au cheval et cet été les oeufs contaminés. On connais aussi l'hérésie de la ferme aux mille vaches, symbole d’une industrialisation hors limite... En chine ils préparent un élevage de porc sur 5 étages, prétextant que c’est plus simple a gérer d’un point de vue sanitaire ! C’est sans doute ce qui attend les éleveurs de canards.. Sous-jacent à tout cela il y a un capitalisme bulldozer qui écrase les petites structures... En vérité, à force de dénoncer, il faudrait corriger et dire “qui écrasait les petites structures !”
Depuis 15 ans on a internet et les gens sont au courant de suite, se renseignent en un clic, cherchent de solutions à leur échelles..
Moi qui ai connu un monde sans internet, il faut bien avouer que c’est là au moins un aspect positif de cette innovation. Reste à l'utiliser avec parcimonie mais c’est un autre débat...
Où je veux en venir ? Que les petites structures ont aujourd’hui les moyens de faire face à la mondialisation de la bouffe industrielle, et ils s’en donnent les moyens.
J’ai eu l'occasion, hier soir, d'assister à une conférence de “Semences paysannes” (Reseau semences payasanne sur facebook) suite à la sortie du livre de Laurence Dessimoulie et Lycia Walter “Paysans semeurs et éleveurs” Editions SudOuest. Merci Chef Jésus pour l'invitation.
C’est un livre ludique de recettes, mais judicieusement accompagné, pour chaque recette, des conditions d'élevage et de culture. 15 “paysans“ dans le sens noble du terme, ce sont prêtés au jeu et on donnait cet ouvrage que je vous recommande.
La conférence était un condensé de partage de leur savoir faire et de technique mais accessible. Des passionnés qui partagent leur passion ! Autant dire que j’ai adoré !
Leur but est de remettre à jour des vieilles semences de maïs, un peu à l‘image des légumes oubliés, mais à l'échelle d’une production agricole. Ensemble en collaborant, ils se partagent et cultivent un maïs adapté à leur terrain, à leur bétail, à la météo et ... à eux ! Ce sont des cultures et un élevage qui leur ressemble, à chacun d’eux.
Ils ont eu cette volonté de mettre en avant des semences anciennes saines et adaptées face à la menace de la venue des OGM en Europe dans les années 90. Autant dire que cela fait un moment qu’ils maîtrisent leur idée. La plus part de ce maïs sert a nourrir les animaux, mais aussi pour la consommation humaine sous forme, par exemple, de polenta.
Des animaux en bonne santé c’est à la base, une alimentation saine. C’est aussi pour cela que l’animal donnera une bonne qualité dans nos assiettes, qualité culinaire et nutritionnel, du goût et une viande saine.
Ce sont de structures à l'échelle humaine mettant en valeur la diversité. L’amour des bêtes et du métier...
Au lieu d'être “contre” ils ont construit mieux pour eux et pour leurs clients, pour la terre et leur bêtes.
Pour les incas le premier homme a été modelé à l’image d’un épis de maïs puis on lui a donné vie....
Lors de cette soirée j’ai eu le plaisir d'interviewer Paula (p37). Elle pratique de la polyculture agricole ! Mais c’est quoi donc !? C’est le contraire de la monoculture, un seul végétal à perte de vue qui épuise les sols. Ce n’est pas de la permaculture sur bute mais à grande échelle. Une alternance des cultures et plusieurs variétés plantés sur des parcelles d’un hectare et demi. En Dordogne il faut s’adapter au terrain et c’est une chance justement de varier les plaisirs... Elle fait du bio car cela lui est apparu évident, la suite logique après avoir fait du raisonné. Paula fait des recherches sur internet pour trouver le terreau qui lui convient le mieux. Loin des circuits classiques multipliant les intermédiaires. Avec son mari Armand Duteil ils font de la vente directe.
Elle me confie que certains sont si endetté et loin dans l'engrenage du système classique que ce n’est pas évident de revenir en arrière. Je lui parle de la politique agricole, un discours du président en faveur du bio et une réglementation qui vas dans le sens contraire. Elle n‘attend rien des politiciens ça toujours était comme ça. Je vous conseil vivement sa page facbook : FERME Duteil Becker
Voila donc ce qui constitue le tissu, le maillage qui petit à petit propose une alternative, à l’encontre d’un système industriel à bout de souffle.
C’est à nous ensuite, en tant que consommateur de prendre le relais d’un choix de vie diffèrent en harmonie avec nos convictions. Je ne dis pas qu’il faut se ruer dans les magasins bio, la Compagnie Fermière, être végétarien... mais de temps en temps lorsque vous verrez de la polenta bio local, achetez là ! C’est bon pour votre santé, amusant à cuisiner, et .... vous aiderez ainsi le système agricole à aller vers plus de bons sens. Si nous avons l’ambition de changer le système de production c’est aussi a nous en tant que consommateur de changer certaines de nos habitudes d’achats.
Etre une petite structure, faire les marchés et de la vente directe est un système économique qui tiens la route et leur donne entière satisfaction de leur métier.
J’ai rencontré une femme rayonnante plein d'énergie et de positivisme, fier de sa recette du livre et de son travail.
Ce sont pour moi des héros des temps modernes. Leur métier, leur amour de la terre et leur volonté pour nous proposer un autre système font de leur vie un retour au source du métier de paysan. Bravo et merci.
Aprés on a bu un verre ! Et pour aller plus loin, rdv à la vacherie de Blanquefort samedi 23 sept.